Le musée créateur? 8 août, 2012
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Écouté une bonne partie de la superbe entrevue de Stéphan Bureau avec Robert Lepage (Canal Savoir, dans la série Contact). De quoi alimenter une réflexion muséale. Muséale, me direz-vous? Oui. Nos institutions se voient comme professionnelles, compétentes et bien organisées en divers domaines et gardiennes de savoirs et de patrimoines, plus rarement comme des créatrices.
Pourtant, notre travail au 21e siècle si tourné vers la diffusion, se compare à celui des créateurs, particulièrement à ceux qui comme Robert Lepage, jouent avec divers médias pour créer des univers à la fois intimes et universels.Répondant aux questions de Bureau, Lepage évoque les conditions qui stimulent lacréation : un « bon bordel », une certaine désorganisation propice au foisonnement qui favorise les accidents catalyseurs, un contexte qui
provoque les objets, les lieux, les détourne malgré eux de leurs fonctions originales pour en faire des outils inédits d’évocation. Autre condition, l’attention et l’écoute patiente du monde, de l’environnement, pour laisser le temps au temps de faire apparaître en nous les mondes qui se cachent derrière les apparences, comme le font les sculpteurs inuit qui, des heures durant, attendent qu’un rayon de soleil ou une ombre révèle sur une pierre, un paysage, un animal, un groupe de chasseurs, que leur talent taillera pour les faire apparaître aux yeux de tous. Il faut aussi accueillir les commentaires des collaborateurs et des spectateurs qui nous amènent plus loin. Il faut enfin considérer la création comme une aventure imprévisible, et non comme démonstration d’une thèse ou un cheminement complètement contrôlé.
Je serais étonné que, dans nos musées, on se soit beaucoup attardés aux facteurs qui favorisent le
processus créatif. La volonté de contrôle l’emporte probablement, plus souvent qu’autrement, sur le laisser faire créatif. La rapidité du processus d’élaboration des expositions et des autres activités, nous précipite souvent vers des recettes et des idées convenues, au lieu de nous inciter à risquer, à faire des essais. Oser et ne pas avoir peur de se tromper, selon Lepage, c’est ce qui manque actuellement à notre société québécoise. C’est comme cela qu’on construit une œuvre, une manière, une voie nouvelle. La muséologie en a besoin, plus que jamais, avant que le mimétisme et le conformisme ne contamine toutes nos institutions.
Jean-François Leclerc, muséologue
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