Mots et expos 5 septembre, 2010
Posté par francolec dans : "expo quand tu nous tiens",Arts visuels,blogue muséologie,Ecrits dans l'exposition,expérience expositions,exposition,Exposition d'histoire,muséologie,Objets,Visiteur , ajouter un commentaire Vase à parfum. Villa Vettii. 1er siècle. Pompei
Amulette gallo-romaine. Site des thermes de Lugdunum, rue des Farges. 1er siècle. Lyon
Regardez les objets ci-haut. Comme le mentionnent les légendes, ce sont des objets du début du premier siècle de notre ère. Un trésor que j’aimerais bien posséder chez moi, des objets qui ont été utilisés par mes semblables il y a 2000 ans…
Voici d’autres objets tout aussi jolis mais moins chargés d’histoire.
Vase décoratif. Céramiste Phaneuf. 2008. Québec
Pièce d’un jeu d’échec artisanal. Métal. Origine inconnue. 20e siècle. Québec
Il a suffi de quelques mots pour donner un sens et une identité – fausses, à ces images que l’œil, à première vue, aurait pu décoder de mille manières. Le muséologue d’aujourd’hui est toujours tiraillé entre le souhait de contenter le visiteur de musée qui vient surtout voir et contempler et qui n’aime pas particulièrement lire. Le musée ne donne-t-il pas d’abord à voir ? L’idéal serait un musée sans texte mais qui, contrairement aux pratiques de la vieille tradition muséale si peu loquace, serait capable de donner sens à ce qui est vu, sans compter seulement sur la culture générale du visiteur, mais aussi de le contextualiser, de l’insérer dans la trame de connaissances forcément complexes comme l’est tout savoir. La télévision, le cinéma et la publicité ont développé cet art de communiquer de cette manière, pour le meilleur et pour le pire.
Comme le montre ce petit exercice, le texte (écrit, projeté, narré) demeure un incontournable de la communication muséale. C’est avec lui que se construit le scénario d’une exposition, c’est lui qui organise le propos, c’est lui qui donne un sens à l’exposition et à ce qu’on y montre. Le visiteur ne s’y trompe pas et, malgré ses réticences, s’attend à lire. Il suffit de voir les foules agglutinées autour des longs textes d’introduction des expositions thématiques du Musée des Beaux-arts de Montréal pour s’en convaincre. Dans les musées d’art, quelques panneaux suffisent à camper le sujet et à orienter le visiteur dans sa contemplation d’œuvres mises en scène de manière plus ou moins élaborée. Dans les musées et les centres d’interprétation en histoire, l’affaire est plus ardue, car nul visuel ne pourrait témoigner à lui seul d’un événement ou d’un contexte. Il faut beaucoup de tact, de métier, d’art et d’habileté pour compenser par du texte ce que le regard ne saurait percevoir ou comprendre, sans briser le climat d’ensemble et rompre le charme de l’expérience qu’aujourd’hui, partout, on essaie de rendre la plus sensible et prenante.
Jean-François Leclerc
Muséologue