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Séduire et troubler: Altmejd 28 août, 2015

Posté par francolec dans : Arts visuels,Commentaires expositions,expérience expositions,exposition,Histoire de l'art,Musée d'art contemporain,opinions exposition , ajouter un commentaire

L’art actuel se déploie de nos jours de multiples manières.  Bien des artistes utilisent des médiums dématérialisés, ou encore se font animateurs culturels et sociaux, s’insérant dans le quotidien de certains groupes ou dans des activités festives et  se fondant ainsi dans l’animation culturelle foisonnante de Montréal.

On peut penser que plusieurs de ces interventions rapprochent le public de l’art et des artistes, qu’ils sont comme des ferments qui feront lever la pâte culturelle et la créativité des populaire. Les espaces urbains publics deviennent ainsi un musée vivant où un certain art s’expose et se démocratise. Pourtant, le musée demeure essentiel comme lieu où le monde, l’histoire et l’art se mettent en scène et offrent des expériences  intenses hors du brouhaha quotidien.

J’aime bien faire des incursions  au Musée d’art contemporain de Montréal, ce grand petit musée national, si bien situé au cœur du Quartier des spectacles. Sa programmation éclectique, comme l’art actuel, et ses expositions plus permanentes valent de s’y plonger malgré les difficultés inhérentes à la communication de l’art contemporain. Mes contacts avec certaines œuvres me laissent souvent perplexe, mais tout ceci agit en nous, creuse la sensibilité, déroute les attentes, même si le souci de certains artistes d’adopter les codes et les symboles mondialisés m’irritent (Altmejd, comme tant d’autres, choisit d’intituler ses œuvres d’un « untitled » anglophone qui se prétend lisible partout, contribuant au laminage du monde). Quel que soit le souci des artistes de porter un message ou provoquer un changement, l’art au musée et l’art de musée, sauf exception, demeure un objet de consommation et de contemplation. Il a bien peu d’impact sur la société et ses enjeux. Mais rien de cela ne doit nous empêcher de s’exposer…aux expositions!

Altmedj miroirs

La Biennale au MAC nous avait entraînés sur les voies bien pavées d’un art conceptuel sans  frontières dont de nombreuses propositions seront probablement un jour considérées comme un pur académisme moderne. Le temps le dira. Cette fois, avec Altmejd, le MAC nous « révèle» un Montréalais devenu une des étoiles montantes de l’art actuel, dont l’ange de la rue Sherbrooke devant un des bâtiments du Musée des beaux-arts est déjà une icône de la ville. Comme toute exposition monographique, celle-ci nous plonge dans l’univers d’un seul artiste, et dans ce cas, un artiste qui aime faire plus grand que nature. L’œuvre devient muséographie et nous enveloppe, surtout dans le dernières salles où des boîtes de plexi ou de verre occupent presque toute la surface et se multiplient par un jeu de miroirs  digne d’un palais de Versailles contemporain! L’effet est saisissant.

 

 

Altmedj 2015 mixAltmedj 2015

D’autres que moi ont commenté l’œuvre et l’exposition. Disons que, comparativement à certains de ses contemporains, Altmejd offre des créations on ne peut plus sensuelles, jouant sur un réalisme anthropomorphiste, sur l’étrangeté, sur les matières organiques et minérales portant un ADN d’êtres monstrueux et fantastiques, créant un monde qui nous rappelle celui du vaisseau spatial où sévit le monstre Alien, cette bête carnassière qui ingère et intègre des partie d’humains qu’elle dévore. Altmedj choisit clairement, de son propre aveu, ce croisement entre le monde immémorial des contes et légendes,du fantastique et du cinéma d’horreur et de la science-fiction.

Altmedj Mac 2015 Mac Altmedj 2015 monstre

Ses compositions monstrueuses et pourtant attirantes ne font pas que nous inquiéter. Elles nous observent, nous décrivent, nous troublent parce que, plus ou moins sciemment, à travers elles, l’artiste nous parle de la vie, de la mort, de cette violence de la nature et des humains qui entraîne la destruction et la décomposition des êtres et des choses. Ce qui, inexorablement, contribue à transformer notre monde.

Jean-François Leclerc

 

 

Un certain art contemporain : contestataire ou séducteur ? 28 octobre, 2010

Posté par francolec dans : "expo quand tu nous tiens",blogue exposition,blogue muséologie,expérience expositions,Musée d'art contemporain,Prix Sobey , ajouter un commentaire

J’aime l’art de notre époque parce qu’il est de notre époque et ouvre nos sens et nos perceptions. Je fréquente le Musée d’art contemporain de Montréal, notamment ces fameux mercredi soir des portes ouvertes qui voient des centaines de jeunes et moins jeunes déambuler dans ses salles.

Mais là où un certain art actuel m’énerve souvent (le blogue est le lieu idéal pour exprimer ce genre d’énervement!), c’est dans sa prétention à contester le monde et ses apparences, à transgresser les codes, à dénoncer, à déstabiliser, à renverser, à douter, à jouer sur les codes, les interroger, à être irrévérencieux et tant d’autre termes qu’on retrouve inévitablement dans les catalogues qui accompagnent de nombreuses œuvres de ce type. La visite des expositions du Musée d’art contemporain autour des prix Sobey a provoqué chez moi le même sentiment. Je ne parle pas en spécialiste que je ne suis pas, ni en connaisseur des démarches artistiques patientes qu’une œuvre ne peut rendre à elle seule, mais en amateur intéressé, ayant quelques notions d’histoire de l’art et parfois éclairé, surtout, en visiteur que l’on invite à découvrir des œuvres, à lire et à voir ce qu’on en dit et qui peut donc dire ce qu’il en perçoit. Expliquons-nous.

sobey.jpg 

Première constatation : les thèmes à la mode. Il est toujours étonnant de constater que nombre d’artistes, lorsqu’ils épousent des causes, choisissent judicieusement les plus connues, les plus universellement identifiables et donc, les plus susceptibles (comme la langue anglaise) de traverser les continents et d’être comprises par le public et les collectionneurs: colonialisme , impérialisme, libération ou exploitation sexuelle, détournement commercial de la culture, déclin de l’homme et de l’humanité , écologie, violence faite aux minorités, aux femmes, capitalisme sauvage……. C’était le cas de la plupart des œuvres présentées au MACM, du moins s’il faut en croire les descriptifs du catalogue. Étrangement, leurs questionnements à prétention universelle se présentaient dans l’exposition sous des formes très léchées, propres, attrayantes par leurs bricolages audio-visuels inspirés de la créativité mécanique ou interactive des patenteux ou des inventeurs (le piano de Bernatchez, les rétroprojecteurs de Barrow) , dégageant le charme décoratif dont sont capables l’artisan, le décorateur et l’étalagiste (les céramiques classico-manga de Tang, les period room de Tam, les scènes naturalo-rupestres de Fernandes), ou brillant de l’intelligence toute spirituelle et la grande culture du beau parleur (l’arbre à la scie mécanique de BGL, les historiquement artistiques Bourgeois de Calais de Hannah). Luxe, calme et volupté… visuellement sensés nous ouvrir l’esprit et le sens critique. Tout ceci dans un pur écrin muséal qui transforme si souvent les cris artistiques les plus intenses en chuchotements de salon.

 mactam.jpg expotamhannahbgl.jpg macbgl.jpg

Karen Tam, Adad Hannah, BGL,      http://www.macm.org/fr/expositions/88.html

La contradiction entre le médium et le message m’est apparue on ne peut plus évidente lorsque j’osai toucher une note du piano de l’installation de Bernatchez Goldberg Experience Ghosts Chorus . Ce piano branché à une quincaillerie en inox semblait pourtant attendre que les visiteurs lui impulsent une vibration pour que la machine artistique la transforme aussitôt en une troublante sonorité.

 bernatchez.jpg

 http://www.patrickbernatchez.com/project_GEGC.html

Un son sourd sortit effectivement du piano mais aussitôt, un autre plus audible de la bouche de l’agent de sécurité : « Ne touchez pas ! ». Involontairement, l’agent venait de confirmer mon intuition : malgré ce qu’en disait le catalogue, on m’avait invité moins à réfléchir qu’à être passivement séduit.

Jean-François Leclerc

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